Lettre d'un ami à propos du roman "La Terre des Ombres"

« Mon cher ami, à votre demande, je me suis attaché à lire votre roman, pompeusement intitulé La terre des Ombres, première tome d’une trilogie semble-t-il. Enfin… l’aventure de cette jeune princesse, Erina Landstorm est prenante. Son exil forcé de sa terre natale, suite à la trahison d’un des conseillers de son frère le roi, Erik, ne manque pas de sel. J’avoue avoir un faible pour ce gabarier, ce Nohlan, qui accompagne Erina dans sa fuite du château familial de Windstone. Mais laissons mes penchants en dehors de cette analyse !

L’autre personnage pour lequel j’avais de l’empathie, considérant mon grand âge, c’est maitre Gruber, l’ancien conseiller du défunt roi, père des enfants Landstorm. J’avoue avoir versé une larme lorsqu’il s’est sacrifié pour permettre au roi déchu Erik de s’évader au cœur de la nuit. Son périple qui le mènera par le fleuve au village de Painledrol, sa rencontre avec cette femme vulgaire, cette Rachel Little, frise le pathétique. Se faire dégrossir par ce Don Juan en jupon m’a exaspéré. Bref, tant mieux finalement pour notre jeune roi qu’elle meure un peu plus tard des mains de cette affreuse sorcière, La Berthienne.

En parallèle, j’ai suivi avec intérêt la longue quête d’Erina, qui la mènera dans la seconde partie du roman, vers le royaume des Ombres. En cours de route, elle dévoilera ses étranges pouvoirs, dont celui de déclencher des tempêtes. La grosse brute de Barbe Lame, qu’elle convertira à sa cause, ce mercenaire sans foi ni loi, veille sur elle comme sur la prunelle de ses yeux. Dommage qu’il soit autant enclin à se pâmer devant la jouvencelle !

Comme vous vous en doutez, l’assassin Morsange a toutes mes faveurs. Il est beau comme le diable, et sans aucune pitié. Lancé à la poursuite de notre héroïne frisant la naïveté, il découvrira l’existence de sa mère qu’elle croyait disparue. La manière dont celle qui se fait appeler la Semeuse se débarrassera du dandy meurtrier, convoquant les mânes, m’a laissé perplexe. Cette notion sera-t-elle accessible à tous les lecteurs ?

Mais je n’ai pas encore cité le plus controversé des personnages ! Le duc Dambre, ce suppôt du roi de la terre des Ombres, conquérant impitoyable et qui pourtant craquera à la fin du livre par amour… pour sa propre fille, Erina. On nage en plein inceste et je me suis régalé ! Bien sûr, j’attends avec impatience la suite, pour savoir ce qu’il adviendra de la relation père-fille après l’enlèvement perpétré par son géniteur, qui au passage à violer sa mère, la Semeuse donc.

La scène finale où Erina découvre que l’infâme tyran de cette contrée maudite n’est autre que son oncle Orogon, est quand même un peu grand-guignolesque. Bien évidemment, il lui aura fallu avant affronter les cinq gardiens du territoire des Ombres : la terreur de la Nuit; le désordre de la Terre, le fléau des Mers, le Feu des volcans et le pire de tous, la Pierre Scellée : tout un programme !

Je n’ai pas aimé ce Séraphin, fourbe serviteur de messire Talbernot, ce noble déloyal, à cause de qui Erik est destitué de son trône. Il aurait mérité de périr, mais vous semblez vous y être attaché sans que je ne sache pourquoi.

Suis-je tête en l’air ! J’ai oublié de mentionner la terrible bataille au val d’Argun, en début du roman, lorsque le duc Dambre envahit le nord du royaume de la terre de Hortes, fief des Landstorm. L’idée de déclencher une gigantesque avalanche en soufflant dans les antiques cornes d’Auroch, a de la gueule, je trouve. Ce Denon, fils de messire Argun, conseiller dévoué à la famille régnante, est un jeune homme courageux et plein de ressources. La princesse Erina tombera-t-elle amoureuse de lui dans le tome II, plutôt que de mon batelier préféré ?

Bref, j’ai adoré, même si nombre de questions hantent ma curiosité insatiable ! J’attends avec impatience la suite, que j’espère vous m’enverrez en avant-première !

 

Votre très cher et dévoué admirateur,

 

E. Dieter