Lettre d'un ami à propos du roman "Les Fragments Perdus"

Mon cher ami, malgré l’insistance de vos demandes, je n’avais pas trouvé dans mon agenda chargé un instant pour lire votre roman de fantasy, curieusement intitulé Les fragments perdus, premier tome ouvrant un cycle.

 

D’abord, je fus rebuté par le prénom surprenant (Alceste !) de votre jeune héros. Sa naïveté et son ignorance des choses de la vie n’ont d’égales que sa condition d’apprenti boulanger ; dommage de lui avoir adjoint comme comparse une voleuse, Oriana ! Je préfère de loin le dernier messager du trio, Horst, un garde bien bâti.

 

La mission que leur confère le conseil des Trente, d’aller quérir de l’aide dans le royaume mitoyen, passe au second plan face aux dangers que représentent les terribles Maraudeurs, et plus encore leur maitre tout puissant, le redoutable Morgaste. Il me plait, le bougre ! Sombre et sans pitié, mystérieux aussi ; il possède toutes les qualités requises pour un tyran.

 

Je ne m’étendrai pas sur leurs péripéties pour atteindre la forêt d’Eslhongir (nom improbable et imprononçable !). Seule leur rencontre avec Ulva la Meneuse de loups a éveillé mon attention. Certes, le passage sur le lac gelé est amusant et ne manque pas d’audace.

 

La longue fuite vers le royaume des Hisles du quatuor est bien menée, surtout qu’Oriana ne disparaît hélas pas définitivement. Mais restons concentré sur le livre ! Finalement, le personnage qui m’a le plus séduit, apparait dans la deuxième partie : Annabelle. Que cette gamine anodine à ce moment de l’histoire, soit amenée à jouer un rôle prépondérant dans la suite de l’histoire m’a bluffé, j’avoue.

 

Mais trêve de flagorneries, j’avoue avoir du mal avec ce mystérieux fragment météorite. Pourquoi certaines personnes (dont notre héros, la fillette ou le tyran Morgaste,…) sont-elles réceptives à son pouvoir et d’autres pas. Il faudra dans le prochain tome impérativement éclaircir ce point-là.

 

Les scènes de bataille qui jalonnent le récit sont bien menées. La dernière est peut-être un peu plus convenue, mais vous connaissez ma prédilection pour le carnage ! Je m’égare encore une fois. Les liens de filiation semblent au cœur des aventures et la famille de Tolgui y tient une place privilégiée. J’ai découvert avec un certain plaisir les différentes parentés, et la relation entre Morgaste et Ulva m’a semblé un écho à ma propre situation familiale. Je ne m’appesantirai pas sur cet épineux sujet !

 

Revenons à nos moutons. L’histoire est dense, et la succession d’aventures peut dérouter un lecteur peu attentif que je ne suis heureusement pas. Le personnage antipathique d’Othe Monclart a pourtant toute ma gratitude : il confère à une vraie crapule un rôle majeur dans cette intrigue.

 

Le passage avec la femme-énigme fut jubilatoire ! On frise l’inceste et la crise mystique. Cette femme, belle et inatteignable, s’avère finalement n’être qu’un cadavre gelé. Quelle exquise métaphore de l’amour entre homme et femme ! On dirait que vous militez enfin pour ma cause.

 

Bref, j’ai dévoré le roman, bien que certains points restent encore sans réponse ! J’attends la suite sans inquiétude, car j’escompte bien que vous m’enverrez le tome II dans les plus brefs délais !

 

 

 

 

 

Votre ami et dévoué serviteur,

 

E. Dieter